Bouygues Telecom, Free et Orange veulent reprendre SFR pour 17 milliards d'euros

C’est un tournant majeur pour le paysage des télécoms français. Bouygues Telecom, Free (groupe Iliad) et Orange ont annoncé conjointement, ce mardi 14 octobre, avoir remis à Patrick Drahi et à la direction d’Altice France une offre conjointe non engageante pour acquérir une grande partie des activités télécoms du groupe, maison mère de SFR.
Une opération à 17 milliards d’euros de valeur d’entreprise, qui, si elle se concrétise, marquerait la plus importante reconfiguration du marché français des télécommunications depuis plus d’une décennie.
Une offre d’envergure à 17 milliards d’euros
L’offre déposée par les trois opérateurs vise la plupart des actifs d’Altice France, notamment ceux de SFR, tout en excluant certaines filiales et activités : Intelcia, UltraEdge, XP Fibre et Altice Technical Services, ainsi que les entités opérant dans les départements et régions d’outre-mer.
Selon le communiqué commun, la proposition représente 17 milliards d’euros de valeur d’entreprise pour le périmètre considéré, et ferait ressortir une valorisation implicite de plus de 21 milliards d’euros pour l’ensemble d’Altice France.
Un partage équilibré entre les trois acteurs
L’accord prévoirait une répartition des activités et des actifs entre les trois opérateurs, afin de préserver un équilibre concurrentiel sur le marché.
- Bouygues Telecom et Free-Groupe Iliad reprendraient principalement l’activité B2B (entreprises).
- L’activité B2C (grand public) serait répartie entre Bouygues Telecom, Free et Orange.
- Les infrastructures et ressources stratégiques (fréquences, équipements réseaux, etc.) seraient partagées, à l’exception du réseau mobile de SFR en zone non dense, qui reviendrait à Bouygues Telecom.
Côté valorisation, la répartition financière serait la suivante : 43 % pour Bouygues Telecom, 30 % pour Iliad (Free) et 27 % pour Orange.
Une opération sous conditions et encadrée par les autorités
Les trois groupes précisent que leur offre reste, pour l’heure, purement indicative et sans engagement. Sa transformation en proposition ferme dépendra de plusieurs conditions. Elle nécessitera d’abord la réalisation de vérifications approfondies sur les plans financier et opérationnel, destinées à confirmer la solidité des hypothèses retenues. Les opérateurs devront également consulter les instances représentatives du personnel avant toute décision définitive.
Enfin, le projet sera soumis à l’examen et à l’autorisation des autorités réglementaires compétentes, notamment de l’Autorité de la concurrence et de l’Arcep, garantes du bon fonctionnement du marché et de la préservation d’une concurrence équitable.
Dans un souci de continuité de service, les actifs qui ne pourraient être immédiatement transférés à chacun des opérateurs seraient temporairement regroupés dans une société commune chargée d’assurer la gestion opérationnelle et la migration progressive des clients. Cette structure transitoire s’appuierait sur les équipes d’Altice France.
Un projet pour renforcer les réseaux et l’indépendance numérique française
- Au-delà de la transaction financière, Bouygues Telecom, Free et Orange mettent en avant un objectif industriel et stratégique : « renforcer les investissements dans la résilience des réseaux très haut débit, la cybersécurité et les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle »,
- tout en préservant un écosystème concurrentiel favorable aux consommateurs français.
L’enjeu est de taille : il s’agit non seulement de sauver SFR, en proie à une dette écrasante, mais aussi de protéger des infrastructures jugées stratégiques pour la souveraineté numérique du pays.
Altice France face à sa dette colossale
Cette offre intervient dans un contexte de forte pression financière pour Altice France, dont la dette, longtemps considérée comme l’une des plus lourdes du secteur, a été ramenée de 24 milliards à 15,5 milliards d’euros au 1er octobre, à la suite d’une vaste opération de restructuration.
Patrick Drahi, fondateur du groupe, cherche depuis plusieurs mois des solutions pour alléger le fardeau financier tout en maintenant les activités télécoms stratégiques.
Vers un nouveau visage du marché français des télécoms
- S’il aboutit, cet accord marquerait un tournant sans précédent depuis l’arrivée de Free sur le marché mobile en 2012, qui avait bouleversé la concurrence et fait chuter les prix.
- Cette fois, c’est la coopération inédite entre les trois grands opérateurs nationaux qui pourrait redessiner les équilibres du secteur.
Mais la route est encore longue : aucun accord n’est signé, et les négociations promettent d’être techniques, sensibles et étroitement surveillées par les régulateurs.
~~~~~~~~
A lire aussi
- SFR bientôt vendu ? La décision de justice relance les spéculations
- SFR en vente ? Altice relance les grandes manœuvres dans les télécoms
~~~~~~~~