Fraudes mobiles : les bots ne se cachent plus sur le web, mais dans nos applications de confiance

Les fraudeurs ont trouvé un nouveau terrain d’attaque : les applications mobiles elles-mêmes. Selon Zimperium, leader mondial de la sécurité mobile, une nouvelle génération de bots est capable de contourner tous les systèmes de défense traditionnels.
Les bots ne se cachent plus dans le web, mais dans nos smartphones
- Jusqu’ici, la plupart des entreprises pensaient leurs systèmes de sécurité autour du web : un CAPTCHA pour vérifier qu’on n’est pas un robot, une authentification multifactorielle (MFA) pour sécuriser les comptes, et quelques limitations de débit pour éviter les abus.
- Mais selon Zimperium, tout cela ne suffit plus. Dans une étude publiée ce 4 novembre 2025, l’entreprise révèle que les cybercriminels déplacent désormais leurs bots directement au sein des applications mobiles légitimes.
Ces bots ne passent plus par les failles classiques : ils se comportent comme de vrais utilisateurs, se connectent à des comptes, effectuent des paiements, utilisent des programmes de fidélité… et tout cela sans déclencher la moindre alerte.
« Les bots ne sont plus à la périphérie du réseau : ils opèrent désormais au cœur même des applications mobiles de confiance », prévient Krishna Vishnubhotla, vice-président de Zimperium. « Si les protections ne sont pas intégrées directement à l’application, la fraude continuera de s’intensifier. »
Comment ces bots parviennent-ils à tromper tout le monde ?
Le rapport décrit des méthodes d’attaque particulièrement inventives. Les pirates utilisent des émulateurs (pour simuler de vrais téléphones), des appareils rootés, ou même de gigantesques fermes de smartphones automatisés pour exécuter leurs scripts.
Résultat : les connexions frauduleuses ressemblent trait pour trait à celles d’utilisateurs humains.
Zimperium détaille plusieurs techniques clés :
- Émulateurs et fermes d’appareils : permettent d’imiter des milliers de téléphones réels.
- Outils d’injection : modifient le comportement d’une appli pendant son exécution.
- Applications reconditionnées : du code bot intégré dans des copies d’apps populaires.
- Détournement de malwares : les applis authentiques sont exploitées à leur insu.
- Abus des API d’accessibilité : les bots automatisent les clics et saisies comme s’il s’agissait d’un humain.
En clair : ces bots sont pratiquement indétectables pour les outils réseau classiques, qui regardent le trafic sans comprendre ce qu’il se passe à l’intérieur du téléphone.
Fraudes, comptes volés et programmes de fidélité détournés
Cette nouvelle génération de bots sème déjà la pagaille. Zimperium affirme avoir repéré plus de 600 échantillons de bots actifs et plus de 50 droppers (petits programmes qui installent d’autres malwares) dans des campagnes récentes.
Les conséquences sont bien réelles : prises de contrôle de comptes, fraudes au paiement, abus de programmes de fidélité… Les bots exploitent tout ce qui génère de la valeur.
Pour les entreprises, le constat est clair : les défenses web ne suffisent plus. Protéger le réseau ou les serveurs ne sert à rien si les bots opèrent directement dans l’environnement de l’application mobile.
La ligne de front de la cybersécurité se déplace dans le smartphone
Face à cette menace, Zimperium appelle les entreprises à intégrer la détection et la protection directement dans leurs applications mobiles.
Cela passe par des solutions dites de Mobile Threat Defense (MTD), capables d’analyser en temps réel l’environnement du téléphone, de repérer les manipulations et de bloquer les comportements suspects avant qu’ils ne fassent des dégâts.
En d’autres termes, la cybersécurité ne se joue plus seulement sur les serveurs ou dans le cloud : elle doit désormais s’étendre jusque dans nos smartphones.
Les bots de demain se fondront dans la masse
L’étude de Zimperium met le doigt sur une tendance lourde : à mesure que nos usages migrent vers le mobile, les cybercriminels s’adaptent.
Fini les bots qui attaquent les sites web depuis un navigateur : ceux d’aujourd’hui opèrent directement dans les applis que nous utilisons chaque jour, profitant de la confiance des utilisateurs et de la complexité des environnements mobiles.
Et si rien ne change, ces bots deviendront bientôt indissociables des vrais utilisateurs, rendant la détection presque impossible.