Publié le  par La rédaction

Google desserre l'étau : le sideloading survivra sur Android grâce à la fronde des développeurs

Google desserre l'étau : le sideloading survivra sur Android grâce à la fronde des développeurs

Google a confirmé cette semaine un assouplissement majeur de sa stratégie de sécurité sur Android. La firme renonce à verrouiller l’installation d’applications provenant de sources externes, une mesure envisagée cet été qui avait provoqué une vive réaction de la communauté. Développeurs indépendants, étudiants, utilisateurs avancés et plateformes alternatives comme F-Droid y voyaient une menace directe pour l’ouverture d’Android, pilier historique du système depuis plus de quinze ans.

La nouvelle ligne directrice tombe trois mois après l’annonce qui avait déclenché une vague de critiques sans précédent. En septembre, F-Droid alertait déjà que les restrictions prévues pourraient rendre le projet tout simplement impraticable. Face à la colère croissante, Google opère finalement un virage stratégique et promet de maintenir la possibilité d’installer des applications tierces, même si elle s’accompagnera de garde-fous renforcés.

La naissance d’un « flux avancé » pour les utilisateurs expérimentés

Dans un billet publié sur le blog Android Developers, Sameer Samat, vice-président d’Android, détaille ce nouveau système. Le « flux avancé » vise avant tout les passionnés et les utilisateurs capables d’évaluer les risques liés aux logiciels non vérifiés. Google explique concevoir ce mécanisme pour résister à la coercition afin que les arnaqueurs ne puissent pas pousser leurs victimes à contourner les alertes de sécurité.

Ce dispositif permettra à ceux qui le souhaitent d’installer librement des applications en dehors du Play Store, à condition d’accepter explicitement les risques. L’approche se veut pédagogique et préventive, avec des avertissements plus visibles et des étapes conçues pour éviter toute désactivation forcée ou involontaire des protections.

Sans cet assouplissement, seules les manipulations via ADB qui est un outil en ligne de commande réservé aux utilisateurs les plus aguerris, auraient permis d’installer des APK non certifiés. De quoi mettre de côté une grande partie des utilisateurs avancés qui font la spécificité d’Android.

Une réponse à la montée des escroqueries en Asie du Sud-Est

Si Google avait initialement opté pour un durcissement radical, c’est en raison d’une explosion de malwares ciblant notamment l’Asie du Sud-Est. Des fraudeurs se faisant passer pour des conseillers bancaires incitaient leurs victimes à installer de fausses applications de sécurité capables d’intercepter les codes d’authentification à deux facteurs.

Pour endiguer cette menace, Google souhaite désormais que tout développeur puisse être identifié par un nom, un contact et, dans certains cas, un scan de pièce d’identité. Cette vérification concernera aussi bien les développeurs publiant sur le Play Store que ceux distribuant leurs apps en dehors. L’objectif affiché est de rendre les attaques plus coûteuses et plus difficiles à mettre en œuvre.

Les invitations à ce programme de vérification sont envoyées depuis le 3 novembre aux développeurs distribuant leurs applications exclusivement hors Play Store. Ceux déjà présents sur la boutique officielle seront contactés à partir du 25 novembre. Google n’a toutefois fourni ni calendrier complet ni détails précis sur le déroulement du nouveau processus.

Un compromis pour les développeurs amateurs et les petits projets

Pour éviter d’étouffer l’écosystème indépendant, un type de compte simplifié fera également son apparition pour les développeurs amateurs, les étudiants ou les détenteurs de petits projets open source. Ce compte impose moins de vérifications et n’autorise l’installation que sur un nombre limité d’appareils. Il se veut une passerelle d’apprentissage, tout en empêchant les fraudeurs d’en faire un outil de contournement.

L’idée est de protéger sans étouffer, une ligne de crête complexe que Sameer Samat a reconnue publiquement. Selon lui, les étudiants ont besoin d’un environnement où expérimenter, de même que les utilisateurs avancés doivent pouvoir choisir intentionnellement de s’exposer à davantage de risques.

Entre nécessité sécuritaire et pression communautaire

La décision de Google illustre un compromis difficile entre impératifs de sécurité et préservation de l’ADN ouvert d’Android. L’introduction d’une vérification d’identité obligatoire avait été perçue comme une première étape vers le modèle fermé d’iOS, où chaque application doit passer par la boutique officielle. La fronde a été suffisamment forte pour inciter Google à revoir sa position, preuve que le sideloading reste un enjeu fondamental pour une partie de la communauté.

Les nouvelles règles entreront en vigueur dès 2026 dans plusieurs pays asiatiques (Brésil, Indonésie, Singapour et Thaïlande) avant d’être étendues au reste du monde en 2027. Leur déploiement sera accompagné d’une taxe d’enregistrement de 25 dollars, un autre point qui alimente les critiques, notamment du côté des petites structures.

Le sideloading survivra, mais il ne sera plus tout à fait le même

Android conserve donc sa singularité : la liberté d’installer des applications depuis n’importe quelle source demeure, mais elle s’accompagnera désormais d’un parcours plus encadré. Les utilisateurs avertis pourront continuer à s’écarter du Play Store, mais devront franchir une série d’avertissements renforcés. Le message est clair : la liberté continue d’exister, mais elle engage désormais davantage la responsabilité de chacun.

Google tente ici de contenir une menace croissante tout en préservant l’ouverture qui a fait le succès d’Android. Reste désormais à voir comment ce nouveau cadre sera mis en œuvre, et s’il parviendra réellement à concilier sécurité renforcée et liberté d’usage.


 
 
 

 
 
 
 
Comparateurs
 
 
 
 
Retrouvez tous nos comparateurs complets...
Recherche sur plus de 30 critères : prix, nouveauté, poids, taille, opérateur, marque, etc....
PUBLICITÉ
RECHERCHER