Publié le  par La rédaction

Interdiction du smartphone avant 3 ans : un virage éducatif majeur

Interdiction du smartphone avant 3 ans : un virage éducatif majeur

Catherine Vautrin, ministre de la Santé, souhaite interdire l’exposition aux écrans pour les enfants de moins de trois ans. Cette mesure forte, attendue pour l’été 2025, vise à alerter et protéger, dans un contexte de consensus scientifique sur les dangers d’une exposition précoce.

Une mesure inédite pour protéger les plus jeunes

Télévision, smartphone, tablette, ordinateur… Tous les écrans, sans exception, sont dans le viseur du gouvernement. Sous l’impulsion de la ministre de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin, un arrêté sera prochainement publié afin d’interdire l’exposition aux écrans pour les enfants âgés de 0 à 3 ans. Une mesure qui s’appliquera non seulement dans les crèches, écoles maternelles et autres structures d’accueil, mais aussi dans les foyers. Autrement dit, même chez soi, il ne sera "plus acceptable" de laisser un bébé devant un écran.

"Je vais demander qu’aucun enfant ne soit exposé à un écran entre 0 et 3 ans, y compris à la maison", a confirmé la ministre dans une interview au Journal du Dimanche, le 15 juin. Cette disposition ne sera pas assortie de sanctions : elle vise avant tout à créer une nouvelle norme éducative et culturelle. À l’instar de la loi interdisant la fessée adoptée en 2016, il ne s’agit pas de surveiller les familles, mais de faire passer un message fort : "ça ne se fait pas".

Pourquoi interdire les écrans aux enfants de moins de 3 ans ?

La décision du gouvernement s’appuie sur des alertes répétées du monde scientifique. En avril 2024, un rapport remis à Emmanuel Macron recommandait formellement le bannissement des écrans avant l’âge de 3 ans. Puis, en avril 2025, cinq sociétés savantes (pédiatrie, ophtalmologie, psychiatrie, etc.) ont publié une nouvelle série d’alertes : troubles de l’attention, retards de langage, perturbations du sommeil, diminution des capacités de mémoire… Autant d’effets délétères associés à une exposition même modérée aux écrans chez les tout-petits.

La présidente de la Société française de pédiatrie, Christèle Gras-Le Guen, insiste : "ces retards sont massifs, avérés, et surtout inégalitaires. Les enfants issus de milieux modestes sont les plus touchés".

Une étude de l’Inserm (2023) a par ailleurs montré que les enfants de moins de 3 ans exposés plus de 30 minutes par jour aux écrans présentaient deux fois plus de retards de langage à leur entrée à l’école maternelle. C’est donc l’ensemble du développement cognitif qui est en jeu.

Une interdiction symbolique, mais aux implications concrètes

Même si l’État ne prévoit pas de contrôle à domicile, le gouvernement entend bien rendre cette interdiction visible et lisible pour toutes les familles. L’arrêté concernera d’abord les lieux d’accueil du jeune enfant : crèches, haltes-garderies, assistantes maternelles, etc., où l’usage d’écrans devra être totalement proscrit, même en fond sonore.

Mais au-delà de ce cadre formel, la volonté est de faire évoluer les comportements parentaux. "Nous voulons donner un repère culturel fort", explique Catherine Vautrin, en assumant un parallèle avec la lutte contre les violences éducatives ordinaires. L’interdiction doit donc s’accompagner d’un effort massif de sensibilisation.

Un accompagnement des familles prévu à grande échelle

Pour accompagner les parents dans ce changement, un vaste plan d’information reposera à la fois sur les carnets de santé et de maternité, les canaux numériques de la CAF et de l’Assurance Maladie, ainsi que sur des campagnes nationales diffusées dans les médias et sur les réseaux sociaux, afin que nul ne puisse ignorer les nouvelles recommandations.

L’un des enjeux essentiels de cette campagne sera d’apporter des alternatives concrètes aux parents. Que proposer à un tout-petit en lieu et place d’un dessin animé ou d’une application éducative ? Le gouvernement mise sur le retour à des interactions simples mais essentielles : lire une histoire, chanter une comptine, jouer à la dînette, manipuler de la pâte à modeler ou sortir en promenade.

Une étape supplémentaire dans la régulation du numérique chez les jeunes

Cette initiative marque une étape supplémentaire dans la régulation de l’exposition des jeunes au numérique, s’inscrivant dans une stratégie globale amorcée l’an dernier par la commission d’experts mandatée par l’Élysée, qui recommandait un téléphone sans Internet dès 11 ans, un smartphone sous contrôle parental à partir de 13 ans, et un accès encadré aux réseaux sociaux seulement à partir de 15 ans.

Ces recommandations pourraient prochainement être traduites en lois ou en règlements. Catherine Vautrin collabore d’ailleurs avec la secrétaire d’État au Numérique, Clara Chappaz, pour réfléchir à une interdiction légale des réseaux sociaux avant un certain âge.

Une révolution douce dans les salons français

Avec cette interdiction des écrans pour les 0-3 ans, la France s’apprête à franchir un cap symbolique fort dans sa politique de santé publique. Loin d’être une mesure gadget, ce nouvel interdit vise à transformer durablement les pratiques éducatives. Car dans un monde où les tablettes s’invitent même dans les berceaux, il devient urgent de rappeler une évidence : un enfant a d’abord besoin d’un autre être humain pour grandir.


 
 
 

 
 
 
 
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