Publié le  par La rédaction

Neon Mobile : l'application qui payait ses utilisateurs pour enregistrer leurs appels, avant d'être brutalement désactivée

Neon Mobile : l'application qui payait ses utilisateurs pour enregistrer leurs appels, avant d'être brutalement désactivée

En quelques jours à peine, Neon Mobile s’était hissée au sommet du classement des applications sociales sur l’App Store américain, juste derrière TikTok. Son principe avait de quoi séduire autant qu’inquiéter : rémunérer ses utilisateurs pour enregistrer leurs conversations téléphoniques, afin de revendre ces données vocales à des entreprises d’intelligence artificielle. Mais le succès fulgurant de l’application a été stoppé net par une faille de sécurité majeure qui a conduit à sa désactivation.

De l’argent facile contre vos conversations

Lancée sur iPhone et Android, Neon promettait des revenus rapides et simples : 30 centimes la minute pour un appel passé avec un autre utilisateur de la plateforme, jusqu’à 30 dollars par jour maximum. Selon la start-up, certains pouvaient espérer gagner « des centaines, voire des milliers de dollars par an » simplement en parlant au téléphone.

L’application ne se cachait pas de son modèle économique : les enregistrements des appels étaient revendus à des entreprises spécialisées dans l’IA pour « entraîner, tester et améliorer des modèles d’apprentissage automatique ». L’idée, résumée par le fondateur Alex Kiam, tenait en une phrase : « Ce sont vos données, il est temps que vous soyez payé pour. »

Cette approche a visiblement trouvé son public : Neon est passée en quelques jours de la 476e à la 2e place du classement social de l’App Store américain, dépassant même WhatsApp ou Instagram.

Une politique de confidentialité inquiétante

Derrière la promesse de revenus faciles, Neon s’accordait une liberté totale sur les données de ses utilisateurs. Les conditions d’utilisation offraient à la start-up une licence « mondiale, irrévocable, transférable et sans royalties » sur les enregistrements. En clair, l’entreprise pouvait exploiter, vendre, modifier ou distribuer ces fichiers presque sans limites.

Officiellement, l’application affirmait n’enregistrer que le côté « utilisateur » des appels, afin de contourner les lois américaines sur l’écoute téléphonique. Mais dans les faits, les experts en cybersécurité interrogés par TechCrunch doutaient du réel degré d’anonymisation des données. Ils mettaient déjà en garde contre des risques évidents : usurpation vocale, fraude, chantage ou encore deepfakes sonores.

La faille qui a tout fait basculer

Alors que la polémique grandissait, l’application a subi un revers fatal. Une faille de sécurité, découverte et révélée par des chercheurs, permettait à n’importe qui d’accéder non seulement aux numéros de téléphone des utilisateurs, mais aussi à leurs enregistrements et aux transcriptions des appels. Une brèche béante qui a contraint la start-up à désactiver Neon en urgence.

À l’heure actuelle, l’application ne fonctionne plus et rien n’indique qu’elle reviendra en ligne. La couverture médiatique particulièrement critique et la gravité de la faille rendent improbable une relance rapide.

Quand la vie privée devient une monnaie d’échange

Au-delà du cas Neon, l’affaire illustre un phénomène plus large : une partie des utilisateurs est désormais prête à troquer sa vie privée contre une rémunération, même modeste. Là où les géants du numérique exploitent les données personnelles sans contrepartie, Neon proposait de payer directement pour accéder aux conversations.

Cette logique heurte frontalement la philosophie d’acteurs comme Apple, qui met en avant la confidentialité et le traitement local des données pour son offre d’intelligence artificielle « Apple Intelligence ». Là où Cupertino promet que rien ne sort de l’iPhone, Neon incarne une approche radicalement inverse : transformer les conversations privées en matière première pour entraîner des algorithmes.

Un modèle impensable en Europe

Neon Mobile n’a jamais été disponible sur le Vieux Continent. Les règles strictes du RGPD, bien plus protectrices que la législation américaine, rendent un tel modèle très difficile à implémenter légalement en Europe. Mais son succès éclair aux États-Unis soulève une question inquiétante : jusqu’où certains consommateurs sont-ils prêts à aller pour monnayer leur vie privée ?

La chute brutale de Neon Mobile ne ferme pas le débat. Elle met en lumière un dilemme de notre époque : l’intelligence artificielle a besoin de données toujours plus nombreuses et variées pour progresser. Reste à savoir si, demain, nos voix  et plus largement nos vies privées, deviendront une ressource comme une autre dans l’économie numérique.


 

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