Opérateurs mobiles : vers la saturation du marché des cartes SIM en France ?

Au deuxième trimestre 2025, le marché français des cartes SIM continue de croître, mais de façon nettement plus modérée qu’auparavant. Selon les dernières données publiées, 84 millions de cartes SIM (hors MtoM) étaient en service au 30 juin 2025, illustrant un essoufflement progressif d’un secteur arrivé à maturité. La croissance trimestrielle, qui s’élevait à +175 000 cartes à la même période en 2023, n’est plus que de +90 000 en 2025. Dans le même temps, le segment des cartes MtoM (Machine to Machine) connaît un regain d'activité après une période de forte contraction, soulignant une dynamique contrastée entre les différents pans du marché.
Un ralentissement structurel porté par la stagnation des forfaits
Le principal moteur de ce ralentissement est la décélération continue de la croissance des forfaits mobiles, qui progressent de seulement +115 000 cartes sur le trimestre, contre +150 000 un an plus tôt. Le marché des cartes prépayées, quant à lui, reste atone avec une légère baisse de -25 000 cartes au deuxième trimestre 2025, après une quasi-stagnation l’année précédente. Ces chiffres traduisent une saturation progressive du marché grand public, où la quasi-totalité des consommateurs est déjà équipée et où le renouvellement ou le multi-équipement ne suffit plus à soutenir la croissance.
Métropole : les opérateurs dominent, les MVNO décrochent
En France métropolitaine, le marché regroupe 81,4 millions de cartes SIM hors MtoM. Là encore, la croissance ralentit avec une hausse de seulement +85 000 cartes sur le trimestre, contre +140 000 un an auparavant. Cette progression est entièrement soutenue par les opérateurs disposant de leur propre réseau (+110 000), alors que les MVNO (opérateurs mobiles virtuels) voient leur base client diminuer de 25 000 unités. Un phénomène qui illustre les difficultés persistantes des MVNO à maintenir leur attractivité face aux offres groupées ou agressives des grands opérateurs.
Le marché résidentiel, après une contraction passagère au premier trimestre, repart légèrement à la hausse avec +45 000 cartes SIM supplémentaires, mieux que les +30 000 de l’an dernier à la même époque. Mais c’est du côté des entreprises que le ralentissement est le plus marqué : avec +60 000 cartes SIM, la croissance trimestrielle est bien inférieure aux +105 000 enregistrées en 2024. Pourtant, le segment professionnel demeure plus dynamique sur un an (+1,8 %), comparé au résidentiel post-payé (+0,7 %), et représente aujourd’hui 11,9 millions de cartes SIM en métropole, soit 15 % du parc total — une part stable depuis un an.
Outre-mer : timide reprise après une forte chute
Dans les départements et collectivités d’outre-mer, le marché semble se redresser après une fin d’année 2024 difficile. Le nombre total de cartes SIM y atteint 2,6 millions, en hausse de +4 000 unités au deuxième trimestre 2025. Cette croissance repose entièrement sur les forfaits (+9 000), alors que les cartes prépayées poursuivent leur recul (-5 000). Malgré cette érosion, les cartes prépayées restent bien plus répandues qu’en métropole, représentant 14 % des cartes actives contre seulement 8 % en métropole. Ce taux varie fortement selon les territoires : il atteint près de 50 % à Mayotte, contre à peine 2 % à La Réunion.
MtoM : reprise confirmée, mais croissance plus modérée
Le segment des cartes SIM MtoM, souvent utilisées dans les objets connectés, véhicules ou capteurs industriels, affiche une dynamique différente. Après une forte contraction au quatrième trimestre 2024 liée à la résiliation massive de cartes inactives, le nombre de cartes MtoM progresse à nouveau pour le deuxième trimestre consécutif. Il atteint désormais 24,3 millions d’unités, en hausse de +310 000 sur le trimestre. Cette croissance reste néanmoins inférieure à celle observée au deuxième trimestre 2024 (+435 000), signalant un possible changement de rythme dans un secteur jusqu’ici en pleine expansion.
Un marché en mutation
Ces évolutions soulignent une transformation en profondeur du marché mobile français. Alors que la couverture est quasiment totale et que les usages évoluent vers la connectivité des objets et la spécialisation des usages (B2B, MtoM), la croissance quantitative tend à s’essouffler. Désormais, les enjeux se déplacent vers la qualité des services, l’innovation technologique (5G, IoT, edge computing) et la fidélisation dans un environnement concurrentiel toujours plus tendu. Pour les opérateurs, il s’agit donc de réinventer leur modèle de croissance dans un contexte où le volume ne suffit plus à garantir la rentabilité.