Qualité mobile 2025 : Orange indétrônable, Bouygues champion urbain, SFR rattrape son retard, Free renforce son réseau

L’Arcep vient de publier sa campagne 2025 de mesures de la qualité des services mobiles, un baromètre scruté chaque année avec attention par les opérateurs comme par les consommateurs. Réalisée entre juin et août, cette nouvelle édition s’appuie sur plus d’un million de mesures en conditions réelles, partout en France et dans tous les modes de transport.
Elle révèle une France mobile dont la qualité globale reste élevée, mais toujours marquée par de fortes disparités entre zones denses et zones rurales. Elle confirme aussi des positionnements très distincts pour chacun des quatre opérateurs.
Face à ces résultats, Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free ont chacun défendu leurs performances dans des communiqués où se dessinent quatre stratégies différentes : consolidation, montée en puissance, excellence ciblée et progrès sur les usages.
Orange : un leadership quasi hégémonique confirmé sur 251 des 258 indicateurs
Pour Orange, le rapport de l’Arcep ne fait que renforcer une domination déjà installée. L’opérateur revendique être 1er ou 1er ex æquo sur 251 indicateurs, soit l’écrasante majorité des mesures effectuées.
Sur la voix, les données de l’Arcep confirment cet avantage :
- 91 % d’appels en qualité parfaite, au-dessus de Bouygues Telecom (88 %), SFR (87 %) et Free (84 %).
- Des performances supérieures dans toutes les zones, y compris en rural où Orange reste l’unique opérateur au-dessus de 80 %.
- En OTT (appels via messageries instantanées), Orange reste en tête (82 %) malgré un resserrement avec Free (80 %).
Sur l’internet mobile, Orange domine également les trois seuils de débits en zones intermédiaires et rurales, où ses concurrents peinent encore à maintenir une expérience homogène.
Orange affiche 34 Mbit/s en zones denses contre 27 Mbit/s pour Bouygues, 25 Mbit/s pour SFR et 20 Mbit/s pour Free.
Dans les transports, Orange reste aussi la référence :
- 95 % d’appels maintenus sur les routes,
- 74 % dans les TGV, loin devant les autres (entre 56 % et 61 %).
L’opérateur se pose plus que jamais en acteur premium du marché, assumant un positionnement basé sur la qualité perçue plutôt que sur le prix.
Bouygues Telecom : le champion incontesté des zones denses
Bouygues Telecom capitalise cette année sur un terrain qu’il connaît bien : les zones urbaines denses, où il se déclare meilleur réseau mobile sur l’ensemble des indicateurs.
Les mesures de l’Arcep confirment en grande partie ce statut :
- 96 % d’appels en qualité parfaite, soit le meilleur score national en zone dense ;
- un débit descendant supérieur à 3 Mbit/s plus souvent que chez tout autre opérateur ;
- une expérience réseau très robuste pour la navigation web, le streaming vidéo ou l’envoi de fichiers.
La hiérarchie s’inverse nettement dès que l’on s’éloigne des grandes villes, mais la stratégie de Bouygues est assumée : offrir un haut niveau de qualité là où la densité d’usages et de clients est la plus forte.
Le communiqué de l’opérateur met d’ailleurs en avant l’expertise de ses équipes et ses investissements soutenus, rappelant que Bouygues Telecom privilégie depuis plusieurs années une croissance qualitative plutôt qu’extensive.
SFR : une progression marquée dans les zones intermédiaires, rurales et touristiques
Très attendu après des années difficiles en matière d’image réseau, SFR met en avant un retour en force dans les zones moins denses, affirmant se classer 1er ou 2e ex æquo sur 100 % des podiums concernés.
Cette progression est effectivement visible dans les résultats de l’Arcep :
- 79 % d’appels en qualité parfaite en rural, devant Bouygues (77 %) et juste derrière Orange ;
- des débits descendants supérieurs à 8 Mbit/s dans 93 % des mesures en zones denses, en ligne avec 2024 ;
- de fortes progressions sur les axes routiers (94 % d’appels réussis, +4 points).
SFR se félicite également de sa performance dans les métros, où il partage la première place (97 %) pour les appels maintenus, un indicateur souvent clé pour les usagers du quotidien.
Le groupe affiche aussi un déploiement dynamique de sa 5G, désormais ouverte dans 12 300 communes, avec plus de 1 350 nouveaux sites allumés depuis début 2025.
L’opérateur semble donc réussir son redressement dans les territoires, un point stratégique dans un marché où l’enjeu principal reste la réduction des fractures numériques.
Free Mobile : des avancées fortes sur les usages exigeants et une présence marquée sur les transports longue distance
- Free, dernier entré sur le marché mobile, continue de combler ses écarts structurels.
- Le communiqué de l’opérateur insiste sur un point précis : sa performance sur les usages les plus exigeants, notamment ceux nécessitant des débits supérieurs à 30 Mbit/s.
Les mesures de l’Arcep lui donnent effectivement un avantage notable sur ces usages, dans plus de deux tiers des indicateurs concernés.
Free se distingue aussi sur la voix OTT, où il se hisse au niveau d’Orange. Cet indicateur reflète sa capacité à bien gérer les communications IP et les services modernes.
Sur les TGV et les Intercités, Free améliore également sa position :
- 61 % d’appels maintenus dans les TGV, deuxième derrière Orange mais devant Bouygues et SFR ;
- un taux de réussite de 55 % dans les Intercités/TER, au-dessus de SFR et Bouygues.
Free reste toutefois en retrait sur la voix traditionnelle, où il ferme souvent la marche, et continue d’afficher des performances plus contrastées en zones denses face à Bouygues ou Orange.
Des zones rurales toujours pénalisées : l’ombre persistante du New Deal Mobile
Malgré les progrès annoncés par tous les opérateurs, l’Arcep souligne une fois encore l’écart structurel entre zones denses et rurales.
Quelques constats marquants :
- En rural, les appels parfaits chutent entre 76 % (Free) et 83 % (Orange), bien en dessous des 95-96 % observés en ville.
- Les débits descendants, même sur le seuil minimal de 3 Mbit/s, restent significativement moins bons.
- Les trains longue distance demeurent le point noir du réseau mobile français.
Huit ans après le lancement du « New Deal Mobile », les résultats témoignent d’avancées réelles… mais insuffisantes pour atteindre une qualité homogène sur tout le territoire.
Transports : les trains grande vitesse, toujours le talon d’Achille
La qualité des services sur les déplacements reste contrastée, et les trains grande vitesse en particulier montrent leurs limites.
Dans les TGV :
- Orange est le seul opérateur au-dessus de 70 %,
- Free, Bouygues et SFR oscillent entre 56 % et 63 %.
L’Arcep rappelle que la structure des trains, la vitesse, les infrastructures et les tunnels complexifient encore la tâche des opérateurs.
Le métro reste en revanche un terrain d’excellence : les quatre acteurs dépassent 96 % de réussite.
Une photographie contrastée mais une dynamique de progression
L’édition 2025 confirme une tendance nette :
- Orange reste le leader écrasant,
- Bouygues est la référence des zones denses,
- SFR progresse nettement sur les territoires moins denses,
- Free continue de tirer son réseau vers le haut sur les usages data et les transports longue distance.
- Au final, la qualité des réseaux en France est globalement élevée, même si l’enjeu d’une meilleure couverture rurale reste entier.
