Ondes trop fortes : Bruxelles contraint Apple à mettre à jour l'iPhone 12 en Europe

Près de deux ans après la polémique née en France autour du niveau d’ondes émises par l’iPhone 12, la Commission européenne vient de trancher : la décision de l’Agence nationale des fréquences (ANFR) de suspendre la vente du smartphone d’Apple en septembre 2023 était bel et bien justifiée. L’institution européenne confirme ainsi que l’appareil ne respectait pas les normes de sécurité en vigueur, et impose à Apple d’étendre à toute l’Union européenne la mise à jour déjà appliquée en France depuis octobre 2023.
Un dossier ouvert en 2023 par l’ANFR
Tout commence le 12 septembre 2023. Après des tests menés sur l’iPhone 12, l’ANFR constate un dépassement de la limite réglementaire européenne en matière de DAS « membre », c’est-à-dire le débit d’absorption spécifique mesuré lorsque le téléphone est tenu à la main ou placé dans une poche. Le smartphone affichait un niveau de 5,74 W/kg, bien au-dessus du seuil fixé à 4 W/kg par la réglementation européenne.
Face à ce constat, l’autorité française ordonne le retrait temporaire du modèle du marché. Une décision inédite, qui pousse Apple à réagir rapidement : dès la fin octobre 2023, une mise à jour logicielle intégrée à iOS 17.1 permet de corriger le problème en abaissant le DAS à 3,94 W/kg. L’ANFR valide alors la correction et autorise de nouveau la vente de l’appareil sur le territoire français.
Un désaccord porté au niveau européen
Mais l’affaire ne s’arrête pas là. L’ANFR, estimant que la correction devait s’appliquer dans l’ensemble du marché unique européen, alerte la Commission européenne et ses homologues. Or, l’autorité irlandaise de régulation, soutenue par Apple, conteste la démarche française. Elle affirme que l’iPhone 12 était conforme et que les conditions de test retenues par l’ANFR faussaient les résultats.
En cause : le protocole appliqué par la France. Apple estime que les tests ont empêché le système de « body detection » intégré à l’iPhone 12 de s’activer correctement. Ce capteur ajuste normalement la puissance d’émission de l’appareil en fonction de la distance avec le corps. Sans cet ajustement, soutient le constructeur, les mesures ne refléteraient pas un usage réel.
La contestation irlandaise oblige Bruxelles à ouvrir une procédure contradictoire, associant Apple, la France et l’Irlande, afin d’examiner la légitimité des mesures prises.
Bruxelles donne raison à la France
Après de longs mois d’analyse technique et juridique, la Commission européenne a tranché le 19 août 2025. Elle estime que l’ANFR a agi dans le respect de la directive européenne sur les équipements radio et que ses méthodes de test sont conformes aux normes. En conséquence, elle considère que la France était en droit de retirer provisoirement l’iPhone 12 de son marché et de conditionner sa remise en vente à une mise à jour.
La Commission souligne notamment que la conformité ne peut pas dépendre de protocoles internes propres au fabricant, non vérifiables par les autorités. Les tests doivent être réalisés en conditions de contact direct, sans recours à des algorithmes propriétaires susceptibles de masquer un dépassement des normes.
Une mise à jour imposée dans toute l’Union européenne
Cette décision entraîne une conséquence immédiate : Apple va devoir étendre la mise à jour logicielle appliquée en France à l’ensemble des utilisateurs européens de l’iPhone 12. Le correctif, qui active en permanence la détection corporelle pour limiter la puissance d’émission, sera déployé dans les prochaines semaines via une nouvelle version d’iOS.
Apple, qui continue de défendre la sécurité de ses produits, a réagi par communiqué :
« Nous continuons à être en désaccord avec l’approche de test de l’ANFR, mais nous respectons la décision de la Commission européenne », a déclaré Apple. « Les utilisateurs peuvent continuer à utiliser leur iPhone 12 en toute confiance, comme toujours ».
L’entreprise insiste sur le fait que cette mise à jour répond à une exigence de protocole de test et non à un problème de sécurité.
Un précédent pour l’industrie
Au-delà du cas Apple, cette affaire crée un précédent. Elle rappelle aux constructeurs que la conformité aux normes européennes ne peut pas uniquement se baser sur des certifications initiales, mais doit être confirmée par des tests en conditions réelles d’utilisation. Elle montre aussi que les régulateurs nationaux peuvent jouer un rôle déterminant dans la protection des consommateurs et peser face aux géants de la tech.
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